En toutes circonstances, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade.
REGARDS D’OBSTETRICIENS :
La technique de suture :
Pour mémoire, rappelons que la technique de réparation est fondamentale et joue un rôle dans la qualité de la réparation et dans le confort immédiat. Il faut donc utiliser des sutures résorbables modernes (polyglactines, type Vicryl) sur tous les plans, et pour la peau du Vicryl à résorption rapide ce qui supprime les ablations de fils ultérieures. Si l’on met des points séparés sur la peau, il ne faut pas trop les serrer, surtout au niveau de la fourchette vulvaire. Mais, la meilleure technique, à conseiller, est la suture par un seul fil continu qui enchaîne surjet muqueuse vaginale, surjet plan musculaire et surjet intradermique cutané. Bernard Maria.
La techniqued’analgésie :
Il y a deux techniques prédominantes :
1. La péridurale, si fréquente, mais qui fournit, parfois grâce à une réinjection après la naissance, une excellente analgésie pour réparer le périnée.
2. L’analgésie locale qui consiste, après installation de la patiente, à infiltrer largement le périnée (plan musculaire + zone sous-cutanée de chaque coté, de la pointe au vestibule) avec de la Xylocaïne 1 %; il faut patienter 2 mn pour obtenir l’analgésie avant de débuter la réparation ; si nécessaire, en cas de douleur, infiltrer de nouveau.
Enfin, il ne faut pas oublier que les suites immédiates des épisiotomies sont douloureuses pendant les 48 premières heures du post-partum (score EVA > 6 versus score EVA < 2 si accouchement vaginal sans traumatisme). Pour le confort et le respect des parturientes, il faudrait envisager un traitement antalgique systématique, compatible avec l’allaitement (paracétamol + AINS). Traiter la douleur est indispensable pour permettre aux femmes d’être disponible pour leur enfant. Bernard Maria
Y‑a-t-il des pathologies ou urgences qui nécessitent une suture d’épisiotomie (et ou de déchirure) sans anesthésie ?
- Très honnêtement on a toujours le temps de « reconstruire » un périnée, de recoudre un périnée, même plusieurs heures après, si les conditions d’anesthésie locale ne sont pas bonnes dans l’immédiateté de l’après accouchement. On a toujours le temps de « remettre » à un peu plus tard la réfection du périnée dans des conditions telles que la maman ne souffre pas. Max ploquin
- Il n’y a pas à mon sens aucune raison de ne pas attendre une parfaite anesthésie locale ou de laisser se continuer une péridurale qui c’est vrai, bien souvent est arrêtée dès l’accouchement et avant la couture de l’épisiotomie (mais est elle bien efficace sur le périnée par rapport à son efficacité sur les contractions?) Patrick Stora
- La réponse est simple : JAMAIS ! En l’absence de péridurale ou d’anesthésiste, tout médecin et toute sage-femme peuvent et doivent pratiquer une anesthésie locale.Il est clairement écrit dans les traités d’Obstétrique actuels (Parant O, Reme JM, Monrozies X, Episiotomie, EMC Techniques Chirurgicales, 2000, 41 – 897 ; Fritel X, Carasset G, Pigné A, Episiotomie, in Cabrol D, Pons JC, Goffinet F, Traité d’Obstétrique, Flammarion, Paris, 2003, 809 – 811) que la réparation des épisiotomies et déchirures périnéales se font après l’accouchement et la délivrance, dans de bonnes conditions d’installation (position gynécologique, éclairage, matériel et technique) avec une BONNE ANALGESIE. Bernard Maria
- Dans aucun cas. Paul Cesbron
REGARDS DE SAGES FEMMES :
Maya
Les éraillures ….
Les éraillures, très fréquentes au cours de l’accouchement, correspondent à une grosse égratignure. La peau est arrachée, la muqueuse à vif … que faire ? suturer ou pas ? Sous anesthésie ou pas ?
- Doivent elles toujours être reprises ? De plus en plus, je demande aux dames de me décrire ce qu’elles sentent, si, après le passage du bébé et du placenta, ça continue à brûler. Bien souvent, lors d’une déchirure, une fois que le temps a repris son cours après une naissance, que parents et enfant se regardent, ça ne brûle plus. En accord avec elles, si elles se sentent bien, je ne suture pas. Je me « couvre » lâchement du médico légal en parlant sincèrement, et dans les yeux, et en soulignant que je ne le fais pas au prix, mais c’est évident et ce n’est pas un manque de considération de ma part, d’une hygiène rigoureuse. Je suis obligée de le spécifier pour être en accord avec ce que je vais noter dans le dossier, le sacro saint dossier. Du coup, je ne suture plus des masses. Delphine
- A propos des éraillures, moi je ne suture que quand ça saigne même quand j ai un peu « appuyé » dessus pour faire hémostase. Si ça continue de saigner, j ai peur que la perte de sang, petit à petit soit assez importante, on en a assez perdu comme ça, pas la peine de « gâcher » pour une petite éraillure. Si après avoir un peu appuyé dessus ça ne saigne plus, je ne suture pas. C est vrai que ça brûle un peu, mais il parait que les fils sur la muqueuse sont tout aussi douloureux quand ça cicatrise. Et en plus c” est difficile à anesthésier ! Du coup, je ne suture plus des masses non plus. Stéphanie
* Le seul cas ou je ne fais pas d’anesthésie a la seringue, seulement du spray ou du contact, c’est lorsque je n’ai qu’un point a faire.… si je pique en plus, ca ne sert a rien.… sinon j’utilise de la locale injectable et parfois je rajoute un peu de spray.… si il y a péridurale efficace, je l’arrête qu’après les points. Je vérifie toujours si elle fonctionne bien. Angelina
* Quand il n’y a qu’un point à faire, je ne fais pas de piqûre d’anesthésiant (en expliquant à la femme pourquoi), car mes piqûres sont aussi douloureuses que mes points, ça fait gonfler donc moins bien suturer, ça fait saigner…
Et quand une femme pisse le sang, je lui dis que je mets quelques points à vif car je n’ai pas le temps d’anesthésier et que je finis après avec une anesthésie.
Quand ça saigne, ce sont les points vaginaux que je fais vite. D’après les femmes, ce sont les points les moins douloureux, ceux qu’elles ne sentent pas toujours. Si je dois anesthésier le vagin, je pique au niveau de la fourchette, là où justement c’est le plus douloureux.
Ceci dit, je parle de déchirure et non pas d’épisiotomie.
Je ne suis pas contre l’anesthésie du bloc honteux, encore faudrait-il que je sache faire… Sabrina
REGARDS DE FEMMES :
Témoignages de sutures d’épisiotomie ou de déchirure à vif
J’ai perdu les eaux (pas entièrement) le 27 Juillet 1997 vers 19h et je suis partis tranquillement à la maternité. Ils me font tous les contrôles, comme je n’aie pas encore de contractions et que la poche d’eaux est un peu fêlé, je dois rester à la maternité. Il n’y avait plus de place en haut dans les chambres donc je suis rester en bas aux Urgences.
En tout 17h de travail, comme c’était long …
Nous sommes le 28 juillet 1997.
Je me retrouve seule à la salle d’accouchement, mon mari arrive et je sens que le bébé veut sortir et là je regarde mon mari et je lui dis va les voir si j’ai le droit de pousser (je n’y connais rien, 1er accouchement à 21ans) il revient seul et me dit vas y tu peux pousser, j’étais dégoûter car ils sont venus après tranquillement mais moi je suis jeune et inexpérimentée mais bon on commence l’accouchement qui se passe bien, ont m’aide en m’appuyant sur le ventre et voilà que mon fils arrive ; ils ont fait une épisiotomie. J’ai eu une péridurale que j’avais demandée.
Je vois mon bébé et ils vont faire les soins, ensuite ils sort le placenta, bref, normal jusqu’au moment de la suture, il commence et je sens tout alors je lui dit et il commence à gueuler en disant que le temps qu’il me fasse une anesthésie, il aura fini de me recoudre, je ne sais pas le temps que cela a duré, mais croit moi que c’était pour moi une éternité et cela faisait très mal. Nanouguy – 1997
* J’ai accouché de S. le 21 août 1999 à la clinique C. de Montpellier. Elle est née 5 semaines avant terme, l’équipe était un peu stressée. Mon col a eu du mal à s’ouvrir et je fatiguais. du coup péri et ocytocine en milieu d’après midi (j’avais perdu les eaux tôt le matin). Le coeur de Sarah se fatiguait, le rythme baissait et je ne me souviens pas trop de ce qui c’est dit, j’étais dans les vap et épuisée. Je me souviens qu’il y avait beaucoup de monde, qu’on cherchait un anesthésiste qui tardait à arriver, que la gynéco s’énervait… il y avait aussi le pédiatre qui était déjà là.
Bref, je n’ai pas senti lorsqu’ils ont coupé mais le bruit des ciseaux qui coupent ma peau ça je m’en souviendrai toujours.
Enfin ils ont utilisé les forceps pour sortir rapidement S.
Ensuite il a fallu recoudre. C’était un cauchemar. on ne pouvait plus mettre anesthésie locale (j’en avais eu trop). On m’a dit d’arrêter mon cinéma, que ce n’était pas si terrible, etc … c’était absolument horrible. En plus il me semble qu’il fallait faire vite, l’anesthésiste ne voulait rien faire malgré les demandes de la gynéco.
Bref c’est un très très mauvais souvenir. c’est sans compter les douleurs ensuite pendant plusieurs semaines et parfois encore maintenant. Linnou – Montpellier – 1999
Pour le 2e accouchement : voie basse normale, péridurale inefficace et épisiotomie. J’ai bien senti quand l’obstétricien a coupé mais ça a vraiment libéré une tension, donc ça a été presque un soulagement. L’obstétricien m’a recousue plus ou moins à vif (coté non endormi) et quand j’ai commencé à vraiment trop geindre pour lui, il a mis un pschitt de xylocaïne (je crois mais il n’a pas attendu que cela fasse effet.
Pour le 3e accouchement, voie basse, pas de péridurale et déchirure. La déchirure a eu lieu à coté de la cicatrice des épisiotomies. Ça a fait comme une corde trop tendue qui claque. La sage-femme m’a recousue dans la foulée de l’expulsion du placenta sans anesthésie locale, l’aiguille n’était pas très agréable (sensation d’une piqûre quand on se pique quand on coud). Ce n’était pas une partie de plaisir, mais après les contractions, la naissance et l’expulsion du placenta, c’était supportable (surtout avec un peu de sophrologie : on se concentre sur autre chose que la douleur).Myriam – Saint Michel sur Orge, 91
* Je suis arrivée vers 3h du matin. J’ai appris que je ne pouvais avoir la péridurale à cause de coupures électriques sur la clinique (j’ai su après que c’était des tests …). J’ai eu une épisiotomie. C’était une jeune sage femme, qui avait à peu près mon âge. Mon bébé est parti pour les soins avec le papa. Elle a commencé à suturer à vif « Je ne sais pas faire sans péridurale » m’a-t-elle affirmé. La suture a duré près d’une heure, je pleurais, sanglotais et la suppliais d’arrêter ou de faire quelque chose pour que je ne souffre pas tant, j’ai failli tourner de l’œil … J’ai plus souffert de cette suture que de l’accouchement. Natacha – Le Chesnais, août 2004.
* Je suis arrivée à la clinique du T. pour accoucher de mon premier enfant sans appréhension particulière, au contraire, plutôt sereine. Je suis arrivée vers 16H30 ayant perdu les eaux à mon domicile. Vers 21H00 ils m’ont fait passer en salle d’accouchement car j’étais à 3 cm de dilatation. J’ai demandé une péridurale que j’ai eu 20 mn plus tard. Elle n’a pas fonctionné mais l’anesthésiste n’est jamais revenu voir pourquoi. Les sages-femmes ont à notre avis (ça reste à vérifier dès que j’aurai récupéré mon dossier médical) mal fait leur travail de surveillance si bien que lorsque j’ai senti que je ne pouvais plus me retenir de pousser, mon bébé était en souffrance foetale et je n’étais qu’à 8 cm de dilatation. Elles ont appelé le gynéco en urgence. Il est arrivé très rapidement et nous avons vu ‚mon ami et moi, que quelque chose n’allait pas à sa tête. Quand il a vu le tracé il a dit : » il faut le sortir tout de suite. » Je suis persuadée qu’il a fait ce qu’il fallait pour R. mais pas pour moi. Il est entré sans répondre à mon bonjour et sans nous regarder. Il ne s’est adressé pendant tout l’accouchement qu’à son équipe comme si nous n’existions pas. Je souffrais depuis plus de deux heures et j’étais en hyperventilation. Je n’arrivais pas du tout à me contrôler à cause de la douleur (les contractions étaient toutes les 2 mn). Les sages femmes sont venues de chaque côté de la table et m’ont dit : » on va se coucher sur votre ventre pour empêcher le bébé de remonter. » Sauf qu’elles se couchaient au moment où j’inspirais si bien que mes poussées étaient inefficaces. L’une d’elles n’arrêtait pas de « m’engueuler » (il n’y a pas d’autre mot) en me culpabilisant de ne pas réussir à « sortir » R. Le gynéco m’a fait l’épisiotomie entre deux poussées si bien que j’ai tout senti (à tel point que j’ai cru qu’il m’avait coupée jusqu’à l’anus) et il a sorti R. avec les ventouses, toujours sans prononcer un mot à notre égard. La puéricultrice et le pédiatre ont emmené tout de suite mon bébé et je suis restée face au gynéco pendant que mon ami suivait le petit. Il a attendu à peine 5 mn et il a appuyé d’un coup sur mon ventre et tiré sur le cordon pour récupérer le placenta. Je n’arrêtais pas de dire que j’avais mal et je respirais toujours difficilement. Il a alors commencé à recoudre sans prendre le temps de m’anesthésier ou de s’assurer que je l’étais. Il n’a pas dit un seul mot, ne m’a pas regardée. Le pédiatre qui était venu me donner des nouvelles de R. m’a dit qu’il préférait repasser à un meilleur moment pour moi. Quand mon ami est revenu et qu’il a vu ce qu’il faisait, ce boucher m’a adressé pour la première fois la parole pour me dire : » à parce que je vous fais mal là ? » Mon ami lui a précisé que la péridurale n’avait pas fonctionné et que je n’étais pas anesthésiée, il lui a répondu : » de toutes façons il ne reste plus qu’un point. » Il a terminé sa boucherie et il est parti fidèle à lui même sans un regard et sans un mot.
Je crois à posteriori que c’est cette déshumanisation qui m’a le plus choqué après l’état physique de R. J’ai eu l’impression de n’être pour lui qu’un tas de viande autour de mon bébé et d’avoir touché de près ce que les personnes qui sont torturées peuvent ressentir : vous êtes maintenu sur une table, on vous fait mal sans tenir compte de vos supplications et en vous méprisant. Le lendemain, j’ai fondu en larmes en réalisant qu’ils avaient vraiment fait ce qu’ils avaient voulu de mon corps. Toute cette équipe « médicale » m’a volé ce qui aurait du être le plus beau moment de ma vie et qui restera associé à une douleur physique et morale. J’aimerais vraiment que mon témoignage serve à épargner d’autres femmes car à notre époque, avec les moyens médicamenteux à notre disposition, cette pratique, hélas trop fréquente, pourrait être évitée. Carole – Grenoble – Novembre 2005
* C’était en 1982 … mon premier enfant. Je me souviens que la sage femme avait une étrange attitude entre mes jambes, comme si elle se cachait, que j’ai bougé et protesté pour savoir ce qui se passait. Elle a fini par m’expliquer qu’elle allait faire une épisiotomie, j’ai laissé faire. J’ai subi une grosse épisiotomie qui a surdéchiré. J’ai vu la petite élève sage femme entre mes jambes, qui regardait, devenir verte et sortir en courant la main sur la bouche, juste après avoir entendu ce bruit des ciseau, ce bruit qui tranche la chair et le muscle, ce bruit que j’entendrais je crois encore longtemps. Après l’accouchement, je me suis retrouvée seule en salle de travail, les jambes écartées, devant la porte de la salle grande ouverte sur un couloir passant. Un homme en blouse blanche est entré, ne s’est pas présenté, ne m’a pas regardée, s’est assis entre mes jambes et a piqué. J’ai hurlé de douleur. Il m’a dit d’arrêter de faire l’enfant, que je ne sentais rien car sous péridurale, que je perdais du sang, qu’il fallait suturer vite. J’ai répliqué en bougeant le bassin pour l’empêcher de repiquer … s’en est suivi un échange assez vif, où je lui ai promis le pire s’il tentait de recommencer à vif, au bout duquel finalement il est allé en soupirant très fort chercher de quoi anesthésier. Il a ensuite été très professionnel, piquant plusieurs fois pour anesthésier, vérifiant que je n’avais plus mal … la suture a duré plus d’une heure. Il a réinjecté de l’anesthésiant au bout d’un moment, toujours en me prévenant et en expliquant. Blandine – Hôpital parisien réputé – 1982
Un papa raconte …
On demande à ma femme de pousser de toutes ses forces, elle s’exécute mais la douleur est terrible, toujours au niveau de la cicatrice de l’utérus <césarienne antérieure>. On ne l’écoute pas… Il y a longtemps que la péridurale n’est plus efficace. Au bout d’un certain temps, la sage-femme a même la phrase malheureuse : » puisque vous ne savez pas pousser, on va prendre les forceps… »
Le Docteur D. procède aux épisiotomies qui font bondir ma femme, prend alors les forceps, les introduit profondément et commence alors une torture qui parait interminable, Caroline n’ayant plus d’effet d’anesthésie, je le répète. Je l’entends dire que c’est une « OS » et c’est sous les cris de ma femme que l’on sort difficilement le bébé, bien marqué par les forceps.
Aucune parole de réconfort, aucune explication du Docteur et de la sage-femme…Devant ce qui vient de se passer, on fait silence. Je sors à ce moment avec C. pour les soins du bébé. A mon retour dans la salle de travail avec ma petite fille dans les bras, je constate, plus de trente minutes après, que le Docteur D. est toujours en train de faire les points de suture, et toujours sans aucune anesthésie. J’apprends par ma femme totalement épuisée qu’on vient de lui faire une révision utérine, des points dans le vagin (deux déchirures : à gauche et à droite) et qu’on continue à la « recoudre » sans anesthésie.
L’accouchement barbare s’est terminé avec une révision utérine, et quarante minutes de « couture », sans anesthésie.Raymond. Athis Mons, 91 / octobre 2005
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