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Le hasard fait bien les choses dit le pro­verbe. Et pour ma part, c’est tout à fait par hasard que j’ai décou­vert Margareta Petterson, l’obstétricienne qui depuis 32 ans a mis au point une tech­nique d’épisiotomie qui pour­rait révo­lu­tion­ner l’obstétrique.

Revenons à la défi­ni­tion. L’épisiotomie est une inci­sion du péri­née de 4 à 6 cm des­ti­née à faci­li­ter le pas­sage du bébé. Une inci­sion très mal pla­cée puisqu’elle se situe sur le sexe, un endroit sen­sible, et sur­tout for­te­ment inner­vée par les nerfs cli­to­ri­diens. En cas de com­pli­ca­tion, l’épisiotomie pour­ra gêner à court ou à long terme la femme dans ses acti­vi­tés quo­di­tiennes (marche, posi­tion assise, mon­tée d’escaliers, port de sous-vêtements…) mais aus­si sa vie rela­tion­nelle et amou­reuse (les rap­ports frottent sur la cicatrice).

Des épi­sio­to­mies, on en fait trop. Encore 26,8 % en france en 2010 selon l’INSERM contre 4 à 5 % en Suède et au Danemark. Surtout plu­sieurs mater­ni­tés de part le monde ont désor­mais des taux infé­rieurs à 1%. Enfin l’épisiotomie reste l’opération la plus fré­quem­ment pra­ti­quée sur une femme.

L’intérêt de l’épisiotomie hymé­nale éla­bo­rée par Margareta Pettersson est de réduire l’épisiotomie à une inci­sion peu pro­fonde de 0,5 cm à 1 cm. Bref une épi­sio­to­mie plus courte, moins dou­lou­reuse et plus facile à cicatriser.

Pour se faire Margareta Pettersson fait par­tir l’incision de la par­tie dure de la cou­ronne hymé­nale (les caron­cules myr­ti­formes) et coupe très légè­re­ment sur la gauche. Cela a pour effet de ramol­lir la paroi arrière du vagin et d’ouvrir de manière consé­quente l’ouverture du vagin. Dans la plu­part des cas la patiente peut pour­suivre la nais­sance sans avoir besoin d’aide sup­plé­men­taire. Dans le cas contraire l’incision peut-être légè­re­ment agrandie.

Si l’épisiotomie clas­sique est clas­sée comme une atteinte au péri­née de grade 2 (j’utilise la clas­si­fi­ca­tion anglo­phone) l’épisiotomie hymé­nale de Margareta Pettersson cor­res­pond quant à elle a une atteinte de grade 1 qui ne néces­site tout au plus qu’une paire de points. Autant dire qu’on s’en remet mieux.

Modestement le doc­teur Pettersson a trans­mis ses com­pé­tences acquises et son expé­rience autour d’elle mais la pra­tique reste confi­den­tielle et n’a fait l’objet à ce jour d’aucune étude. L’épisiotomie hymé­nale per­met­trait pour­tant de réduire les atteintes du péri­née sur les femmes pour laquelle une épi­sio­to­mie peut être consi­dé­rée jus­ti­fiée (crainte d’asphyxie foe­tale, à titre excep­tion­nel pour une nais­sance ins­tru­men­tale…). Elle per­met­trait aus­si d’accélérer la dimi­nu­tion de la pra­tique. En effet les taux d’épisiotomie res­tent dans cer­tains pays supé­rieurs à 80 %. Or l’expérience montre que la baisse s’effectue rare­ment d’un bloc, les pra­ti­ciens devant chan­ger radi­ca­le­ment leur per­cep­tion de ce qui est bon pour la patiente. Ils pour­raient ain­si enta­mer l’améliorations des pra­tiques à la fois par un aban­don pro­gres­sif des épi­sio­to­mies faites en rou­tine et par la réa­li­sa­tion d’opérations moins délé­tères. Bref, ce sont des kilo­mètres de sexe fémi­nin qui pour­raient être préservés.

Barbara Strandman

Margareta Pettersson tra­vaille actuel­le­ment à l’hô­pi­tal de Nyköping (Suède)

Nyköpings lasa­rett, kvinnokliniken
61185 Nyköping