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Écrit par Marie
24-05-2007

Je trou­ve intéres­sant d’avoir créé un site pour ten­ter de lut­ter con­tre cette pra­tique encore trop courante, aus­si je voudrais apporter mon témoignage qui est autant d’or­dre pro­fes­sion­nel que personnel.

Au cours de mes études de sage-femme on m’a appris que l’épi­siotomie devait être pra­tiquée sys­té­ma­tique­ment en cas de sus­pis­sion de macro­somie, en cas de risque de manoeu­vre instru­men­tale (for­ceps…), en cas de périnée cicatriciel(antécedent d’épi­sio ou de déchirure)…, bref, en pra­tique, c’est à dire au cours de mes stages dans le CHU attenant à l’é­cole j’ai pra­tiqué sur les con­seils des sages-femmes et des médecins des épi­siotomies de façon qua­si­ment sys­té­ma­tique, du moins très courante.

A la fin de mes études je me suis retrou­vée moi-même sur une table d’ac­couche­ment, dans une clin­ique privée, et peu de temps avant la nais­sance de mon fils j’ai demandé à la sage-femme si elle était d’ac­cord pour pra­ti­quer l’ac­couche­ment. Elle fut ravie mais m’a dit qu’il falait qu’elle “négo­cie” ça avec le gyné­co de garde qui, comme j’é­tais sage-femme (ou presque) a accep­té. J’ai alors mis au monde mon 1er enfant, un petit tré­sor de 4125g, sans la moin­dre érail­lure. Mon expéri­ence per­son­nelle m’a per­mi de con­sid­ér­er d’une tout autre manière cette muti­la­tion du périnée.

Une fois diplômée je suis retourné tra­vailler dans la clin­ique où j’avais acc­couché. Les gyné­co­logues y pra­ti­quaient les accouche­ments en arrivant dans les 5 min qui précé­daient les nais­sances (Hic!!!!!) donc, pour la plu­part, ils ne con­nais­saient pas la femme et récipro­que­ment (surtout). La pra­tique de l’épi­siotomie se fai­sait de façon sys­té­ma­tique ou presque, et je ser­rais les dents, impuis­sante, devant ces périnées sou­ples, bien ampliés, prêts à laiss­er pass­er un petit être sans laiss­er de traces, que l’on mutilait.

J’ai ensuite pu tra­vailler dans une mater­nité publique et donc, retrou­ver le vrai méti­er de sage-femme en accom­pa­g­nant des femmes lors d’ac­couche­ments phys­i­ologiques de façon autonome. Et, depuis, je ne pra­tique qu’en cas d’ab­solue néces­sité l’épi­siotomie, c’est à dire de façon raris­sime. Je n’ai (peut être par chance) jamais eu de périnée com­plet (déchiré jusqu’à l’anus) ni de prob­lème de cica­tri­sa­tion pour les déchirures.

Par la suite j’ai mis au monde, à domi­cile, un deux­ième tré­sor, plus petit cette fois (3800g). Le pas­sage des épaules a occa­sion­né une petite déchirure ayant néces­sité 2 ou 3 points qui n’ont lais­sé aucune séquelle.

Pour con­clure, j’en­cour­age les femmes à être le plus autonome pos­si­ble dans leur accouche­ment. J’entends par là, non pas qu’elles doivent être seule car le sou­tien est pri­mor­dial pour rester con­fi­ante et bien vivre ce moment, et la médi­cal­i­sa­tion est impor­tante quand elle ne prend pas trop de place, mais qu’elles doivent avoir con­fi­ance en elles, en leurs capac­ités, en la nature, et qu’elles doivent savoir dire à l’équipe médi­cale ce qu’elles veu­lent et ne veu­lent pas car il sag­it de leur accouche­ment, d’un moment unique… pour elles. L’épisiotomie reste cepen­dant par­fois néces­saire mais rarement, aus­si, qu’elles n’hési­tent pas à influ­encer la sage-femme ou le gyné­co, avec diplo­ma­cie, pour éviter ce geste.

A bien­tôt peut-être?

Marie