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Docteur X
Hôpital de …
Service de gynécologie

le 12 novem­b­re 2005

Monsieur,

Je suis arrivée au ser­vice de gynéco­lo­gie le mar­di 23 aôut vers 14 heu­res avec le sou­hait d’accoucher dans de bon­nes con­di­tions avec la sage fem­me de ser­vice et mon con­jo­int à mes côtés com­me me l’avait expliqué ma gynéco­lo­gue qui a sui­vi ma grossesse.
J’ai tout de sui­te été placée en sal­le de tra­vail où la sage fem­me m’a dit que j’étais à 4 de dila­ta­tion et que bébé se pré­sen­tait bien. Elle s’est alors retirée de la piè­ce pour me lais­ser con­ti­nu­er mon tra­vail car je ne vou­lais pas de péri­du­ra­le pour accoucher le plus natu­rel­le­ment et pou­vo­ir sen­tir et maîtri­ser ce qui se pas­se­rait dans mon corps.
Puis tout à coup , vous êtes arrivé et vous avez brus­que­ment exa­miné mon col qui était alors à 10 de dila­ta­tion com­me me l’avait dit la sage fem­me avant vous ; puis vous avez alors décidé de me fai­re une césa­ri­en­ne sans la moind­re explication.
Je vous ai deman­dé pourquoi ain­si que mon con­jo­int puis­que tout se pré­sen­tait bien :

  • dila­ta­tion à 10
  • contrac­tions régulières
  • pouls de la mère et du bébé ok
  • pré­sen­ta­tion du bébé par la tête

Il n’y avait pas la moind­re urgence thé­ra­peu­ti­que vita­le pour la mère ni pour le bébé .

Vous m’avez alors tout de sui­te trans­féré en sal­le d’opération où mon con­jo­int n’a pas été accep­té, même pour cet évè­ne­ment excep­tion­nel dans not­re vie .

C’est alors là que le cauche­mar a com­men­cé pour moi car :

  • Il y avait sept per­son­nes autour de moi qui s’agittaient com­me si le bébé et / ou moi allait mourir.
  • Je n’étais pas dans la posi­tion idéa­le pour per­mett­re une bon­ne pro­gres­sion du bébé puis­que j’étais allong­ée avec la sen­sa­tion d’étouffer .
  • On m’a atta­ché les cuisses.
  • Vous met­ti­ez sans arrêt vot­re main dans mon corps et j’avais envie de hur­ler ( lais­sez moi tranquil­le et lais­sez mon bébé venir sere­i­ne­ment au mon­de, vous me fai­tes très mal).
  • Trois per­son­nes m’ont appuyés sur le vent­re com­me des fous pour que bébé descen­de vite, bien sûr, on était pressé d’en finir.

Lorsque mon enfant est venu au mon­de à 15h10 sous la pres­sion et le stress, vous ne m’avez même pas per­mis de viv­re nor­ma­le­ment ce qu’il y a de plus beau et de plus inten­se dans la vie d’une fem­me, à savo­ir : de mett­re mon enfant sur moi et de me per­mett­re de l’accueillir dans mes bras, cont­re mon coeur, sans comp­ter que mon con­jo­int était absent lui aus­si . Nous auri­ons tant aimé viv­re ensemb­le cet instant magi­que, nous l’attendions depu­is plu­sieurs anné­es, nous l’avions même imaginé .

Vous m’avez fur­ti­ve­ment mon­tré mon enfant que je ne voyais que par le siège sans voir son visage et puis quelqu’un d’autre l’a tout de sui­te emmené. Je vous ai deman­dé le sexe du bébé et vous ne savi­ez pas, vous m’avez alors répon­du : « je n’ai pas fait attention ».
Ensuite, vous avez rapi­de­ment et brus­que­ment suturé mon épi­si­o­to­mie , je vous disa­is que j’avais mal, mais vous n’avez pas pour aut­ant ralen­ti ni adou­cit vot­re main.
Après quoi on m’a trans­por­té en sal­le d’accouchement où je suis res­tée pen­dant deux heu­res sans avo­ir vu mon bébé.
Après ces deux heu­res on m’a trans­por­té dans ma cham­b­re où j’ai enco­re atten­du pour voir mon bébé enfin vers 17h30.

Alors voilà Docteur , pen­sez vous sin­cè­re­ment en vot­re âme et cons­ci­ence que ce que j’ai vécu là est normal ? .
Pourquoi vou­li­ez vous fai­re une cesa­ri­en­ne alors qu’il n’y avait aucu­ne raison ?
D’ailleurs, le test d’Apgar le prou­ve, il était à 9 .
Pourquoi m’avoir mis une tel­le pres­sion et ne pas m’avoir per­mis d’accoucher nor­ma­le­ment com­me cela aurait dû se pro­dui­re avec la sage fem­me et mon con­jo­int si vous n’étiez pas intervenu ?.

Docteur, vous fai­tes un des plus beau et plus impor­tant méti­er qui soit : celui d’aider des fem­mes à don­ner la vie, à mett­re au mon­de leur(s) enfant(s), alors de grâ­ce, soyez plus hum­b­le , plus pati­ent, plus sen­sib­le, plus atten­tif, plus respectu­eux ; bref plus humain car si vous-même êtes au mon­de aujourd’hui c’est par et grâ­ce à une femme.

Probablement que vous vous moque­rez com­plè­te­ment de cet­te lett­re, mais j’en avais beso­in pour guerrir .
Je veux que vous sachi­ez tout ce que j’ai res­sen­ti pour mon accouche­ment qui a été psycho­lo­gi­que­ment et phy­si­que­ment trau­ma­ti­sant mais aus­si, pour qu’il n’y ait plus de fem­mes qui vivent cela.

Respectueuses salu­ta­tions.

Brigitte B

Écrit par Brigitte B.
24-05-2007