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Écrit par Aurélie R
26-12-2006

Objet : retour de res­sen­ti après un accouchement

Madame,

Sur les con­seils d’amies sages-femmes et après de très lon­gues hési­ta­tions, je vous écris cet­te lett­re afin de vous fai­re part de la maniè­re dont j’ai vécu mon accouche­ment qui s’est dérou­lé le 07 mars 2005. Je sais que ce retour est tar­dif mais je n’ai pu par­ler de cet accouche­ment que tar­di­ve­ment et c’est seu­le­ment aujourd’hui que je peux en par­ler sans agressivité.

Dans un pre­mi­er temps, vous trou­ve­rez un témoignage que j’ai écris sur le forum (rubri­que témoignage : Tu accouche­ras dans la dou­leur) du site www.episiotomie.info mais qui dépe­int assez bien les sen­ti­ments que j’ai res­sen­ti, et ensu­i­te, l’analyse que j’en fais aujourd’hui.

Je suis ence­in­te de Mathilde. C’est mon pre­mi­er bébé. C’est diman­che et c’est le jour de mon anni­ver­sa­i­re. Je me sens bien ma famil­le est autour de moi pour le repas d’an­ni­ver­sa­i­re Miam le gâteau est suc­cu­lent. Tous le mon­de repars et vers 18h30 je ne sais pas com­ment me mett­re j’ai ter­rib­le­ment mal au dos, je tour­ne, m’as­si­eds, me lève aïe. Vers 20 h nous par­tons pour la mater­ni­té après un coup de fil à la sage fem­me. Je suis heu­reuse et ten­due. Je fais mes exer­ci­ces de sop­hro­lo­gie en chro­nométrant les contrac­tions j’en ai quel­ques unes mais j’ai sur­tout mal au dos.

Nous som­mes accu­eil­lis par la sage fem­me de gar­de. Elle m’emmène dans une sal­le de tra­vail et com­mence le moni­to­ring, le bébé va bien. Par cont­re moi j’ai 18 de ten­sion. Les contrac­tions s’e­spa­cent. La sage-femme me don­ne des cachets cont­re la tension.
22h30 : j’ai tou­jours le con­trô­le moni­to sur le vent­re et le con­trô­le pour la ten­sion sur le bras. Touché vagi­nal de la sage-femme, 2 doigts d’ou­ver­tu­re pas de change­ment depu­is mon arrivée. Mon mari rent­re avec sa mère à la mai­son. La sage fem­me revi­ent il est minuit, elle me pla­ce une voie intra­ve­i­neuse pour le médi­ca­ment cont­re la ten­sion. Elle fera sept piqures avant d’y arri­ver. Elle est jeu­ne et c’est vrai j’ai des vei­nes très fines: on rigo­le bien quand même (elle a l’air embê­tée de ne pas réus­sir et de me fai­re mal), on m’instal­le dans ma cham­b­re pour le res­te dela nuit. Les contrac­tions sont tou­jours là mais je peux dor­mir un peu la posi­tion sur le côté me sou­lage les dou­leurs dans le dos.

8 h du matin: réin­tégra­tion de la sal­le d’ac­couche­ment posi­tion allong­ée sur le dos avec les pieds dans les étri­ers (je me sens vul­né­rab­le et mal à l’ai­se) touché vagi­nal rien de neuf par cont­re un mal de tête hor­rib­le, le médi­ca­ment cont­re la ten­sion m’a déclenché une migrai­ne (je ne le sau­ra­is que tro­is jours après) La sage fem­me de nuit vient me dire au revo­ir. La sage fem­me de jour arri­ve, je lui dit que je ne veux pas d’épi­si­o­to­mie; touché vagi­nal, je hur­le elle me fait un mal de chi­en :3 cm de dilatation.
Vous êtes à tro­is cm de dila­ta­tion com­ment se fait-il que la péri­du­ra­le ne soit pas installée.

Je réponds harg­neu­se­ment que c’est par­ce qu’il y a 20 min le col était enco­re à deux doigts. Elle sort en coup de vent pas­ser un coup de fil. Elle revi­ent avec des poches sup­p­lé­men­taires pour la per­fu­sion les instal­le mais ne les bran­che pas encore.
L’anesthésiste arri­ve: assey­ez vous (très faci­le avec un vent­re com­me un bal­lon un moni­to à gauche et le ten­si­omèt­re à dro­i­te); main­te­nant fai­tes le dos rond enco­re plus!!! (Tu cro­is que c’est faci­le avec un vent­re com­me un bal­lon) bon c’est fait, il repart. Durée de l’in­ter­ven­tion 3 minu­tes chro­no (250 € arg.!!!!!!!!!!!!)Au moins la péri­du­ra­le est bien fai­tes je res­sens mes contrac­tions mais je n’ai pas mal. Par cont­re, je vomi qua­si­ment à cha­que contrac­tion et mon hom­me me tend à cha­que fois cet hor­rib­le hari­cot en car­ton qu’il va vider stoï­que­ment dans la pou­bel­le. Je ne sais pas ce que
j’ai bien pu vomir par­ce que je n’a­vais rien mangé depu­is la veil­le 15 h. la sage-femme pas­se elle bran­che les poches sur la perf un nou­veau touché vagi­nal et de nou­veau un hur­le­ment de ma part et la poche des eaux qui cra­que (je me suis aperçue que 7,5 mois plus tard qu’el­le avait à ce moment rom­pu la poche des eaux). Le gynéco pas­se, discus­sion ent­re lui et la sage femme

elle: elle vomi com­me ça depu­is ce matin je ne sais pas ce qu’el­le a.
lui dit rien et repars.

Plusieurs touchés vaginaux au cours de la matinée et à cha­que fois, je hur­le de dou­leur. Au cours de l’un de ces touchés, elle me dira que j’ai le périnée toni­que. Dans ma tête cela fait tilt, j’au­ra­is dro­it à une épi­sio c’est couru d’a­van­ce. La sage-femme remett­ra une dose de pro­duit anest­hé­si­que sans que je lui deman­de par­ce que je disa­is à mon mari que je sen­tais la contrac­tion et que cela fai­sa­it un peu mal.

Vers 11h20, je sens un change­ment dans mon corps, j’ai envie de pous­ser. Je le dit à mon mari qui appel­le la sage-femme. Le bébé arri­ve, je pous­se régu­liè­re­ment tro­is pous­sée par contrac­tion dou­ce­ment à un moment une dou­leur vive aigue je hur­le (La sage-femme vient de me cou­per). Le gynéco de gar­de arri­ve, il reprend la sage-femme. Elle est sur mon vent­re (elle pous­sa­it le bébé avec son cou­de? je cro­is bien que oui c’est un peu flou là). Je con­ti­nue à pous­ser une bru­lu­re inten­se arri­ve (c’est le périnée je le sais en lisant des témoigna­ges d’ac­couche­ment aujourd’­hui, à l’é­po­que je suis sur­pri­se). Les contrac­tions s’ac­célè­rent enco­re j’ai du mal à suiv­re. Et puis j’ai l’im­pres­sion que mon coc­cyx va être pro­pul­sé il me fait très mal. D’ailleurs je dois dire en bou­c­le “j’ai mal”. J’entend la sage-femme dire:” elle le reti­ent”. J’ai envie de lui cri­er t’es fol­le c***asse je sens sa tête et je n’ai pas envie qu’el­le res­te là mais je ne dit rien. La contrac­tion sui­van­te pareil, je suis dépas­sée ça brû­le trop, j’ai trop mal au coc­cyx. Je perds la mai­tri­se que j’a­vais jusqu’a­lors, j’ai beso­in de temps et pourquoi d’a­bord tro­is pous­sée par contrac­tion, j’ai le souff­le court. Le gynéco me regar­de dans les yeux et me lance:

c’est vous qui êtes insuf­fi­san­te respiratoire?

Je hoche la tête, il me dit avec dou­ceur, bien on va vous aider.
Il se tour­ne un aut­re éclair de dou­leur vif aigue tranchant.
Et puis, hop je sens lors de la contrac­tion sui­van­te que le bébé glis­se. La contrac­tion d’après j’en­tends mon bébé qui pleu­re, on me la met sur le vent­re. Le gynéco deman­de au papa si il veut cou­per le cor­don. Le papa refu­se, il cou­pe le cor­don. Puis, une aide soig­nan­te arri­ve reprends ma puce et l’emmène à côté le papa la suit.

De mon côté je suis en ple­in brouil­lard je me sens faible. Le gynéco tire dou­ce­ment tro­is fois et je sens le pla­cen­ta qui file ent­re mes jam­bes. Puis, le gynéco­lo­gue fait la sutu­re à cha­que fois qu’il me touche la vul­ve, le périnée j’ai un mou­ve­ment de recul. Il m’a­nest­hé­sie cet­te zone devenue très sen­sib­le. Je n’ai rien sen­tie. Je suis épu­isée et je flot­te un peu. Quand il a fini 2 minu­tes, l’ai­de soig­nan­te arri­ve et j’as­sis­te au pre­mi­er bain de ma fil­le don­née par son papa dans le flou (je suis myo­pe et on m’a obli­gée à reti­rer mes lunet­tes). Le bain fini papa repart avec la puce. La sage fem­me arri­ve me met une couche sous les fes­ses un drap prop­re des­sus enfin j’ai pu enle­ver mes jam­bes des étri­ers et être allong­ée normalement.

1/2 heu­re plus tard, je suis tou­jours en sal­le d’ac­couche­ment, mon bébé dans son ber­ceau à côté de moi. J’ai tou­jours la sur­veil­lan­ce de la ten­sion, le papa est par­ti fai­re les papi­ers. C’est le cal­me après la tem­pê­te. Quand je deman­de à la sage-femme de me don­ner mon bébé pour que je puis­se l’al­lai­ter, elle me répond que je suis trop fati­guée et elle sort. J’en ai pleuré d’impuissance.…
mer­ci de m’a­vo­ir lue

Aurélie maman de Mathilde

Aujourd’hui 13,5 mois après, je m’aperçois que j’ai subi tout un tas de ges­tes médi­caux qui ont eu des consé­quences sur mon accouche­ment et que je ne con­nais­sa­is pas et que je n’ai eu aucu­ne expli­ca­tion de vot­re part. Quelles sub­stan­ces con­te­nai­ent ces poches de per­fu­sion ? Sans dou­te de l’ocytocine mais…. Quelle néces­si­té de per­cer vous-même la poche des eaux ; pourquoi ne pas attend­re qu’elle se rom­pe tou­te seu­le ? Je vous avez sig­na­lé que je ne vou­lais pas d’épisiotomie pourquoi avo­ir cou­pé ? Cette cica­trice pen­dant que je vous écrit est enco­re dou­lou­reuse mal­gré 2 réé­duca­tions (1 manu­el­le avec un kiné et 1 par son­de avec une sage fem­me) Pourquoi ne pas avo­ir atten­du que le périnée s’amplifie tout seul com­me un grand, en lisant la lit­té­ra­tu­re médi­ca­le de base, je me suis aperçue que le motif de périnée toni­que ne justi­fi­ait pas l’épisiotomie. Je vous pas­se les incon­ti­nences uri­naires qui ont heu­reu­se­ment for­te­ment dimi­nué et la dif­ficul­té de reprend­re des rela­tions sex­u­el­les avec mon époux pour cau­ses de dou­leurs sur la cicatrice.

La dou­leur. Justement par­lons en : Quand j’évoque mon accouche­ment la dou­leur est très pré­sen­te dans mon esprit. Pas la dou­leur des contrac­tions, mais cel­le qui a accom­pagné vos touchés vaginaux ; un peu de dou­ceur n’aurait pas été super­flue. Je fais par­tie de ces nom­breu­ses fem­mes (1 sur 5) qui ont subi une agres­sion sex­u­el­le et ce ges­te médi­cal m’a ren­voyé à ce pas­sé dou­lou­reux. Certes, vous ne pou­vi­ez pas le devi­ner, mais un ges­te plus doux n’aurait pas eu aut­ant de réper­cus­sions. La dou­leur au coc­cyx qui a dû être mal­mené par cet­te posi­tion allong­ée sur le dos les jam­bes dans les étri­ers et dont per­son­ne ne s’est sou­ciée car c’est sûr une fem­me doit avo­ir mal pen­dant son accouche­ment. La dou­leur de ne pas avo­ir pu prend­re mon enfant dans mes bras alors que je vous l’avais deman­dé par 2 fois. Je vou­lais l’allaiter de sui­te, cela n’a pas été pos­sib­le à cau­se de vous. Certes, j’étais fati­guée mais pas au point de lais­ser tom­ber mon enfant et quand bien même, il exis­te des bar­riè­res à pla­cer autour du lit pour évi­ter ce gen­re d’incident. Il se trou­ve que je suis tom­bée « à 6 en hémo­glo­bi­ne », l’allaitement pro­vo­que des contrac­tions utéri­nes qui per­met­tent de rédui­re les hémor­ra­gi­es dues à la déliv­ran­ce, sur­tout si il est pra­tiqué jus­te après l’accouchement.

La fati­gue. Certes , j’étais fati­guée après mon accouche­ment. Après coup, je pen­se que c’était nor­mal : Je n’avais rien mangé depu­is 15h la veil­le, j’ai pas­sé la matinée à vomir le vent­re vide ce qui est par­ticu­liè­re­ment épu­i­sant. Avec le recul, je pen­se que du jus de fruit ou tout aut­re ali­ment sucré aurai­ent été le bien­venu. Ces ali­ments se carac­téri­sent par une diges­tion rapi­de et m’auraient don­né l’énergie néces­sa­i­re pour accoucher sans m’épuiser. Même les marat­ho­ni­ens man­gent pen­dant l’effort.

Pour finir, lors­que j’ai per­du pied sous le rap­proche­ment des contrac­tions vous auri­ez pu attend­re (1 ou 2 contrac­tions) pour voir si je ne pou­vais pas récu­pé­rer la maîtri­se que j’avais per­due. Enfin, les remar­ques du gen­re « elle reti­ent le bébé » sont tout à fait déplacé­es dans ce con­tex­te et des phra­ses du gen­re « je sais que c’est dur mais vous allez réus­sir » me semb­lent plus appropriées.

Pour con­clu­re, je dira­is que j’ai souf­fert d’un man­que de com­mu­ni­ca­tion avec vous (expli­quer ce que vous fai­tes et pourquoi, éven­tu­el­le­ment quel­les consé­quences) et de com­pré­hen­sion de vot­re part. J’aurais éga­le­ment aimé plus de dou­ceur dans vos gestes.

Ce mes­sage n’a pas pour but de vous mont­rer du doigt mais d’essayer de vous fai­re part de mon res­sen­ti et de mes sou­haits pour vous per­mett­re d’avancer dans vot­re réflex­ion professionnelle.

Je vous remer­cie de m’avoir lue jusqu’au bout, et vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes sen­ti­ments distingués

Je pen­se que c’est cet exer­cice qui m’a per­mis de “tour­ner la page”. Ce fut popur moi un véri­tab­le exor­cis­me… Je n’ai à ce jour pas reçu de répon­se de la sage-femme. Je ne sais même pas si j’a­vais envie (beso­in ?) d’u­ne répon­se de sa part.

Je pen­se que ce gen­re de démar­che est plus que posi­ti­ve même si on ne va pas jusqu’à la poste…